A l’inverse de certains pays, certains ont adopté, pour diverses raisons, une stratégie plus offensive face aux enjeux de transition énergétique…

Une stratégie offensive par choix : le Danemark

En 1995, la production électrique du Danemark est largement dominée par le charbon (97%). Le Danemark fait un choix clair de migration vers les énergies renouvelables dès la fin des années 90 ; elles atteignent un taux de pénétration de 29% en 2005 et de 56% en 2016 avec une part importante assurée par l’énergie éolienne.

Ce « petit » pays de moins de 6M d’habitants est devenu un « grand » de l’énergie, observé pour le taux de croissance des énergies renouvelables, son degré de digitalisation et son niveau d’innovation en matière énergétique.

Cette politique a donné naissance ou a stimulé le développement de quelques belles entreprises : Vestas, leader mondial des turbineséoliennes, Kamstrup, dynamique fabricant de compteurs intelligents, Danfoss, Grundfos ou encore Phoenix.

Une stratégie offensive permise par une croissance très forte : la Chine

La Chine est un pays à part, me direz-vous. Certes. La Chine a été favorisée par une très forte croissance et un contexte économique global favorable, me direz-vous également. Certes. Il n’en reste pas moins vrai que la Chine a mené une politique exemplaire en matière d’efficacité énergétique et de développement des énergies renouvelables.

Les enjeux de ce pays étaient tellement importants que la situation actuelle est contrastée : on peut voir en la Chine un pollueur de premier plan avec une importante production d’électricité à base de charbon.

On peut aussi voir la Chine comme un leader de multiples industries récentes liées à l’énergie : les cellules photovoltaïque et panneaux solaires (Suntech, Yingli, JA Solar, Trina Solar, Jinko Solar), les éoliennes (Goldwind), les LEDs etc…

Une certitude néanmoins : l’orientation volontariste du gouvernement chinois qui a tiré parti des opportunités offertes par la forte croissance du pays, assortie d’une habile stratégie industrielle, a positionné l’industrie chinoise comme un leader incontournable sur le marché de l’énergie.

Heureusement, de nombreuses opportunités offertes par des transitions énergétiques à peine amorcées dans la plupart des pays restent inexploitées et peuvent donner l’occasion à des industries non-chinoises de prendre des positions fortes.

La Chine a certes récemment gagné une bataille mais elle n’a pas gagné la guerre : aux autres pays d’être inventifs et volontaristes pour reprendre une partie de l’avantage perdu.

Une stratégie offensive grâce à un taux d’électrification initial très bas : de nombreux pays d’Afrique et d’Asie

Difficile de faire sortir du lot un pays en particulier : l’émergence de technologies désormais maîtrisées comme le solaire photovoltaïque et le stockage d’électricité permet de donner l’accès à l’électricité à des villages au travers de microgrids dont le développement ne nécessite pas une coûteuse infrastructure de distribution nationale.

Fortement augmenter ce taux d’électrification est une transition énergétique importante qui concerne potentiellement plus d’un milliard de personnes dans le monde.

Dans chacun de ces pays, fleurissent des installateurs et des opérateurs de tels microgrids. Entreprises locales, de taille petite ou moyenne, elles renforcent, par leur propre activité ou celle qu’elles permettent désormais, un socle d’activité économique à travers les pays.

Une stratégie offensive potentielle offerte par l’émergence naissante de certaines économies : la Tunisie

Le mix énergétique de la Tunisie est archi-dominé par le gaz naturel qui provient d’Algérie, pays producteur majeur.

Le développement économique du pays a creusé ces dernières années le déficit énergétique et la question de se doter de ressources supplémentaires de production électrique se pose.

La Tunisie fera-t-elle le choix d’énergies fossiles, cédant à la facilité et ne bouleversant pas des raisonnements stratégiques rodés et sans surprise, ou fera-t-elle le choix d’un plan de développement des énergies renouvelables, principalement solaire ?

Comme dans de nombreux pays dont l’économie se développe fortement, la question renvoie à une certaine audace stratégique et à un courage politique évident. Mais déjà, des sociétés tunisiennes comme 3S ont anticipé le mouvement et fortement développé des activités d’intégrateur solaire ou de fabricant de LEDs.

 

Parmi les stratégies offensives ou défensives que nous avons évoquées, il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises stratégies. Toutes s’expliquent selon le contexte. Ces situations conduisent toutefois à un paradoxe : plus les énergéticiens d’un pays ont acquis des positions fortes, plus ils ont à perdre dans la transition énergétique et plus ils vont pousser pour une approche lente et prudente. Ils prendront de facto du retard par rapport à leurs concurrents moins prestigieux, mettant en péril leur position future, en investissant moins ou trop tard dans les nouvelles technologies te les nouveaux systèmes énergétiques.

La transition énergétique actuelle apparaît donc comme une fantastique opportunité de faire évoluer la hiérarchie établie. Les acteurs de référence, à suivre et à prendre en exemple, changent.

Mais attention aux grands énergéticiens qui sauront, avec ou sans l’aide de leur régulateur, prendre le virage : ils seront sans nul doute les grands leaders de demain !

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